ou Quand vos enfants vous amènent au bord du gouffre
J'avais prévu cet article avant de me retrouver cloîtrer et confiner avec mon fils. Du coup, j'ai réajuster un peu :)... parce que vraiment, ce confinement aura probablement été révélateur pour beaucoup d'entre nous.
Pendant la quarantaine, vous pouvez contacter ce numéro
vous pouvez prendre aussi rv ici : https://www.doctolib.fr/aide-aux-aidants/france
J’ai toujours été quelqu’un de dynamique et pleine d’initiatives, indépendante, plutôt sûre de mes décisions, aimant l’imprévu et la spontanéité...
Depuis 9 ans, 8 mois, 6 jours et quelques heures, je suis aussi maman d’un garçon avec un TDAH… et je n’en peux plus ! (voir l'étude du stress parental de l'université de Laval)
"Une mère au bord du gouffre nerveusement et au bout de ses réserves d'énergie, peut en toute inconscience et par souci de continuer à gérer à la perfection toute sa petite tribu, ne pas sentir qu'elle est en train de sombrer". C'est bien souvent l'entourage qui en prend conscience pour elle, en essayant de l'alerter. » … Ce qui a été ma chance (merci maman) : j’avais le nez dans le guidon entre mon travail à temps plein dans un foyer d’adultes en situation de handicap, le TDAH de mon fils, les études de ma grande, la rénovation de notre maison…. Totalement inconsciente de mon épuisement.
« Lorsque le burn-out s'installe, des signes physiques commencent à apparaître : troubles du sommeil, sensation d'overdose, troubles de l'humeur, dépression, absence de désir sexuel et fatigue chronique sont des symptômes qui doivent faire penser à ce phénomène.
« Les mères ont une grande tristesse en permanence, et n'ont plus ou très peu de sexualité, car elle est perçue comme une contrainte supplémentaire », précise Liliane Holstein. Parallèlement, les parents débordés peuvent aussi souffrir de symptômes plus psychologiques, comme la baisse de l'estime de soi, la fuite vers des comportements addictifs (nourriture, jeux, sports, achats compulsifs, alcool etc.) ou encore l'angoisse et l'isolement.
Chez l'homme, la baisse de libido et la grande tristesse s'accompagne souvent d'une grande colère, d'une « fuite dans le travail » ou vers l'ordinateur, le téléphone portable etc, explique la spécialiste. « Ils ont l'impression que leur vie leur échappe. »
Fatigue :
Vous éprouvez une fatigue telle que le simple fait de penser à ce que vous devez faire avec les enfants vous épuise déjà.
Ça fait des semaines que ça dure, je ne trouve pas de motivation pour me lever le matin... Mais bon, voilà quoi, c'est une petite fatigue qui dure, c’est vrai que je me couche trop tard… je fais bien des cures : de la vitamine c, du magnésium, ça va finir par passer, hein….
Il y a quelques mois encore, je travaillais à temps plein, des horaires coupés, des weekends, des soirées, c’est surement le contre-coup, ça va finir par passer… peut-être !....
Irritabilité
Est-ce lié à la fatigue ? Je suis devenue l’impatience incarnée. D’humeur exécrable avec mon mari et mon enfant tous les jours, sans exception. Je ne me reconnais plus, parfois, comme si cette agressivité ne m’appartenait pas vraiment. Je veux juste qu’on me laisse tranquille, que mon fils arrête de faire du bruit, je ne supporte plus de répéter,… Encore et encore… d’ailleurs, je ne répète plus maintenant, j’aboie !... ça va passer… Je vais travailler sur moi, je vais faire des efforts.
Distanciation
Je me couper des émotions, les miennes et celles de mon enfant, de mon conjoint…
Mon fils, au moins 10 fois par jour, me prend dans ses bras, se serre fort contre moi en me disant qu’il m’aime…. C’est mignon, hein !? Ça m’est devenu insupportable… je le repousse en soupirant…. Je soupire encore quand il me dit qu’il a mal au ventre… je veux juste qu’il me laisse tranquille et qu’il ne me sollicite plus….
Mon conjoint rentre du travail, me parle de sa journée, de son boulot… j’écoute mais en vrai, je m’en fous… j’aimerais aussi me plaindre de ma journée, me plaindre de notre fils mais je ne le fais, je culpabilise de me plaindre alors que je n’ai qu’à gérer notre fils et la maison dans la journée….
Automatisme :
J’ai l'impression que la moindre action de la vie quotidienne, surtout en relation avec mon enfant revient à gravir l'Everest!
Pas la peine d’appeler les services sociaux, hein !? Je m’occupe de lui, le minimum syndical … les besoins vitaux sont assurés : il mange (du bio fait-maison), je l’ai envoyé prendre l’air dans le jardin et lui assénant que c’est bon pour la santé (et pour ma tranquillité) .Tout en négligeant les multiples sollicitations non vitales de mon fils, j’attends avec impatience la fin de la journée, espérant le relais de mon conjoint…
Ce n’est pas une dépression,
plutôt un Affaiblissement de l'estime de soi
Avec l'impression que la vie nous dépasse et que nous n’avons plus la capacité d'en tenir les rênes.
Je n’ai pas perdu ma joie de vivre : mon mal-être est concentré sur mon rôle de mère. Dès que je me retrouve seule au calme, je respire. Dès qu’il dort, je retrouve passion et énergie pour mes projets créatifs et professionnels… et je me couche trop tard, donc, alimentant le cercle vicieux de la fatigue… Pas la peine de me dire de me coucher plus tôt et de sacrifier ainsi mes quelques heures de temps pour moi par jour.
Honte et culpabilité :
j’aimerai être parfait(e) en organisant les activités des enfants, suivant les devoirs, jouant avec eux, cuisinant, assurant tous les RV, etc…
Je ne veux parler à personne
J’ai assez honte comme ça. Je me sens assez une merde comme ça.
Et les conseils que l’on me donne ne m’apportent rien :
Pas la peine de me dire que ça ira mieux après une bonne nuit de sommeil. J’ai passé mes vacances à faire la grasse-matinée dès que j’en avais l’occasion.
Pas la peine de me suggérer d’arrêter le gluten et de me mettre au cru, je n’ai pas besoin d’une nouvelle injonction à la con pour être mieux dans mes baskets.
Pas la peine de me dire que je suis une mauvaise mère, je le sais déjà.
Pas la peine de me dire que je suis une bonne mère, je n’ai plus envie d’être une bonne mère.
Troubles du sommeil
souvent accompagnés de troubles de l'humeur et d'un renferment sur soi.
Absence de désir sexuel, désintérêt pour son partenaire
La sensation d'épuisement est telle, que l'idée d'un rapprochement avec mon conjoint est vécue telle une corvée supplémentaire.
Désolée, pas ce soir, chéri, j’ai la migraine….
A cela peut s’ajouter :
Prise de poids ou amaigrissement spectaculaire,
Envie de fuir, de ne pas rentrer chez soi,
Angoisses ou symptômes d'attaques-paniques avec l'impression de vivre en apnée.
Si la mère que vous êtes se retrouve dans ces propos, si les larmes vous sont venues parce que je parlais de votre vie, il est peut être temps de consulter.
Pour vous aider, n'hésitez pas à vous rendre sur burnoutparental
Quelques pistes aussi pour nous aider à garder la tête hors de l'eau et éviter le "pétage de plomb" :
1) Faire au mieux sans culpabiliser : la perfection n'existe pas sauf chez Disney où toutes les tâches se font en chantant.
Demander à vos enfants de participer aux tâches du quotidien, en tenant compte de leur âge. Non seulement, cela vous soulagera sur de petites choses mais, en plus, vous participerez au développement de leur autonomie.
Des idées aussi sur les apprentis parents
2) Établir les priorités : Il va falloir choisir ses batailles.
Maria Elena Brianda et ses collègues de l’UCL proposent d’établir une liste des comportements qui vous énervent chez votre/vos enfant(s) et de les classer en trois catégories :
Supportables
Difficiles à supporter
Inadmissibles
Prévenir vos enfants que vous serez plus cools sur certaines choses mais que, pour d’autres, vous serez intransigeants. Fixez à l’avance les sanctions qui découleront des comportements inadmissibles et tenez votre parole !
3) Soutien en cohérence au sein du couple :
Les deux parents doivent être soudés en ce qui concerne les règles à faire respecter et l’éducation qu’ils souhaitent pour leurs enfants. Il est important que les 2 parents tiennent le même discours et les mêmes règles sinon, l'enfant s'y perd, ne comprend pas et probablement en jouera....ET vous perdez l’un et l’autre de la crédibilité.
4) Prendre du plaisir en famille
Faire des activités qui plaisent à tous (bricoler, cuisiner, faire du sport....)
5) PRENDRE DU TEMPS POUR SOI
Ne vous oubliez pas. Prenez un temps pour faire quelque chose qui vous fait vraiment plaisir, même si ce n'est que quelques minutes (pour y parvenir et trouver ce temps, soyez souple et autorisez une activité à vos enfants où vous savez qui ne viendront pas vous solliciter)
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